Le 3 août 1914, il y a 100 ans jour pour jour ce dimanche, l'Allemagne déclarait la guerre à la France. En l'espace de quelques années, l'embrasement devint mondial, Avec le recul, les historiens affirment que le 20ème siècle a commencé en août 1914. Certes, avant le fracas de la première guerre mondiale, il y avait eu bien des conflits, des guerres et des sociétés meurtries, mais jamais à l'échelle de toute la planète. Le premier acte de la mondialisation, ce fut cette "grande guerre", et elle va marquer à jamais les hommes et les sociétés !
Du champ de bataille et de l'effroyable carnage, il reste des chiffres : 60 millions d'hommes engagés des 5 continents, 9 millions de morts, 21 millions de blessés en 51 mois de combats. En 4 années, ce sont pas moins de 1,4 millions de Français qui laissèrent leur vie sur les champs de bataille. 27% des jeunes français de 19 à 27 ans sont morts pendant la guerre. Sur les 8,2 millions de Français mobilisés, 4 millions seront blessés dont 1,1 million d'invalides. Sans oublier en 1918, 600000 veuves et 400000 orphelins ! Autant dire que pas une ville, pas un village de France n'a ressenti dans sa chair ce conflit meurtrier, qui fut à la fois un carnage et un calvaire.
Un carnage car pour la première fois, les armées disposaient d'une puissance de feu et de moyens mécaniques générés par la révolution industrielle. Cette guerre, préparée par les états-majors du 19ème siècle, allait bouleverser tous les codes de la guerre par sa brutalité et l'ampleur des pertes ! Pendant l'été 14, ce sont près de 100000 français qui disparaissent sur les champs de bataille en à peine un mois de combat ! L'équivalent en population de plusieurs villes françaises ! Impensable carnage, qui s'explique par les offensives à outrance de soldats français en pantalons rouges face à des lignes ennemis défendues par des mitrailleuses et une artillerie redoutable !
Après cet été meurtrier et la bataille de la Marne qui évite à l'armée française une déroute totale, le front va se stabiliser en novembre 1914, et on assiste à une nouvelle forme de guerre : la guerre des tranchées. Le front est stabilisé certes, mais quatre années de calvaire commencent pour des millions de soldats enterrés dans leurs tranchées et leurs abris, attendant la prochaine hécatombe ! On ne louera jamais assez le courage de ces hommes, qui vécurent un enfer, et pourtant, firent preuve d'une résistance héroïque.
Car ni son déroulement si meurtrier, ni sa longueur inédite, n'ont été prévus par les dirigeants politiques et militaires ! Les militaires claironnaient que la guerre serait courte. Chaque camp avait la certitude de vaincre l'autre, rapidement. Les quelques voix pacifistes qui s'élevaient, avant-guerre, furent noyées dans un tumulte nationaliste. Jean Jaurès fut abattu le 31 juillet 2014, pour avoir défendu ses idées jusqu'au bout !
Comment prévoir en effet des millions de morts sur des champs de bataille aux quatre coins du monde ? des empires qui s'effondrent ? des révolutions qui se multiplient ? Et le fracas des armes qui couvrent le silence de tous ces hommes traumatisés par un conflit d'où les survivants firent retentirent un cri, un seul « plus jamais ça ! ». Cette guerre pour eux, les poilus, devaient être la « der des der ». On sait ce qu'il advint 21 ans plus tard.
Alors pour ne pas oublier tout cela, j'affirme que la France fait son devoir en commémorant dignement le centenaire de la Grand Guerre 14-18 ! Le Président de la République française l'a rappelé ce matin en présence du président de la République allemande "Les commémorations ne sont pas une nostalgie, elles sont un rappel des épreuves traversées par les peuples." Cette guerre fut une épreuve pour le pays, une des plus terribles dans son histoire, sans doute la plus meurtrière dans l'ère moderne. Puissons-nous ne jamais oublier les sacrifices, les douleurs des combattants, mais aussi la vanité de ceux qui déclenchèrent ce conflit. Et n'oublions pas ce que Clémenceau, acteur majeur du conflit disait : " Il est plus facile de faire la guerre, que la paix. " Alors soyons fidèles à Jaurès pour qui " L'affirmation de la paix est le plus grand des combats."
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