Le projet de budget européen issu du compromis entre les Etats de l'Union européenne est en baisse. Pour parler chiffres : sur la période 2014-2020, le budget global s’établit à 960 milliards d'euros en crédits d'engagement, et 908,4 milliards en crédits de paiement, soit les dépenses effectives. Cela correspond exactement à 1% de la richesse créée en Europe, contre 1,12% sur la période précédente.
Ce budget européen s’inscrit dans un contexte exceptionnel d’assainissement des finances publiques de la part des États membres. Des efforts oui. Mais l’Europe ne doit pas mener une politique de rigueur à l'échelle du continent.
L'Europe n'a pas gagné !
L’Europe a raté, encore une fois, l'occasion de faire passer l'intérêt des européens avant celui des Etats. Et la réaction hostile de tous les groupes politiques au Parlement Européen montre que les conservateurs n'ont pas encore gagné.
Certes, ce sont les gouvernements conservateurs qui dominent le conseil de l"Union et entendent imposer une rigueur budgétaire sans contrepartie. La commission européenne proposait un projet de 1047 Milliards d'euros, alos que la Grande-Bretagne proposait de réduire le budget à 847 milliards d’euros. La proposition anglaise de budget qui niait le fondement même de la solidarité européenne. L'Allemagne souhaitait elle, réduire sa contribution au budget européen.
Pour éviter une telle orientation, François Hollande a dû batailler, lui qui est arrivé seulement en mai 2012 dans des négociations qui avaient débuté en 2010. Rappelons qu’à cette époque, le couple Merkozy s'était entendu pour mettre l'Europe à la diète. Nicolas Sarkozy soutenait une baisse des dépenses de 200 milliards dans le budget européen. Ce qui n'empêche pas l’opposition de critiquer aujourd’hui la position française.
Nous, socialistes, avons toujours défendu une augmentation du budget européen. Aujourd’hui plus que jamais, la crise économique nous oblige à maintenir voire accroître les moyens pour relancer la croissance et l'emploi.
La France n'a pas perdu
Ce fut un compromis contraint. Il n’est pas au desavantage de la France. Loin de là. Globalement, la position de la France a permis de préserver des secteurs clefs. La PAC sera maintenue. Un accent particulier doit être mis sur la lutte contre le chômage des jeunes. Le programme Horizon 2020, consacré à la recherche et au développement, ainsi que le programme Erasmus, verront leurs moyens croître en termes réels.
L’UE fait également un effort particulier en faveur des infrastructures. La dotation accordée aux grands projets dans le domaine des transports, de l’énergie et des télécommunications doit augmenter de 140%.
Le fonds européen d'aide aux plus démunis est rétabli.
Enfin, le budget européen préserve les instruments de solidarité, avec une somme allouée de 2,5 milliards d’euros. Ce fonds européen d’aide aux plus démunis a pu être sauvé par François Hollande lors des négociations. Le précédent gouvernement français, quant à lui, s’était entendu avec l’Allemagne pour que ce budget ne soit pas reconduit au-delà de 2013.
Malgré la ténacité de la France sur ce sujet, je regrette la baisse de 30 % des aides alimentaires. Car c’est l’idée même de la solidarité européenne qui recule. J’en appelle aujourd’hui à mes collègues députés européens, pour qu’ils rétablissent le programme complet de l’aide alimentaire. En période de crise, nous devons faire face à la solidarité élémentaire et répondre aux besoins vitaux de nos compatriotes les plus fragiles.
Une fois de plus, je contate que le compromis issu des rapports de force entre chefs d'Etat et de gouvernement a montré ses limites. Le volontarisme de François Hollande, sa volonté de réorienter durablement l'Union Européenne vers la croissance et l'emploi, se sont heurtés de pleins fouets aux positions "austéritaires" britanniques et allemands. Comme toujours l'esprit de compromis a permis d"éviter une crise politique, qui dans le contexte économique instable que nous traversons, ne pouvait être déclenchée.
Dans ce contexte, j'en appelle au Parlement européen pour prendre ses responsabilités en amendant ce projet de budget européen. Cela fait partie de ses prérogatives élargies. L'aide alimentaire doit être rétablie dans sa totalité. Les projets en faveur de l'emploi et de la croissance doivent être soutenus. C'est là où bat le coeur de la démocratie européenne, qu'il faut surmonter les intérêts de chacun et redonner du sens à cette belle idée européenne qui a fait rêver tant de générations.
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