La "Une" du quotidien le Monde d'hier, construite à partir d'une proposition contenue dans un rapport du HCI (haut conseil à l'intégration) me fait réagir. Outre le fait que le HCI ne fonctionne plus depuis des mois (ce que le Monde sait très bien), je m'interroge sur cette manière de traiter une information secondaire portant sur la proposition d'interdiction du port du foulard dans l'enseignement supérieur par le HCI, en Une de ce "grand" journal, qui contribue fortement au débat public. Je suis étonné que ce journal surfe sur la vague d'un Islam-bashing très en vogue depuis des mois, consistant chaque semaine à en remettre une couche autour des questions liées à une religion en particulier, et à la laïcité dans notre pays en général.
Nul ne songe ici à minimiser tel ou tel agissement groupusculaire, qui contrevient à la loi républicaine. La loi est la loi, et elle doit s'appliquer dans toute sa force. Mais je constate qu'il est "vendeur" pour les médias de stigmatiser la deuxième religion de France, par des "Unes" anxiogènes ou des effets d'annonce spectaculaires ces derniers mois. Cela provoque spontanèment deux malaises. Celui des Français de confession musulmane, dont l'écrasante majorité s'inscrit dans le respect des valeurs républicaines et qui demandent d'abord à ce qu'on leur foutent la paix. Celui de tous les autres Français, croyants ou non, qui finissent par s'interroger sur cette récurrence. Cela ne peut que provoquer de l'agacement chez le plus grand nombre. Où pire, accroître l'audience de ceux qui, politisés ou non, incitent nos compatriotes à la haine et à la xénophobie.
Pour ma part, je considère que celles et ceux, dont les médias en premier lieu, qui instrumentalisent le fait religieux pour le placer systématiquement au centre du débat public, prennent de lourdes responsabilités. Au lieu de promouvoir une laïcité exigeante, mais respectueuse des convictions de chaque citoyen, certains sèment, parfois à dessein, les germes de la discorde et de l'intolérance entre les Français.
Je salue la déclaration de Jean-Louis Bianco, président de l'Observatoire national de la laïcité, qui a assuré que ce rapport "n'engage que la mission laïcité du HCI qui n'est plus en fonction. (...) Cette question du port du foulard dans l'enseignement supérieur n'est pas à ce stade dans le plan de travail de l'Observatoire de la laïcité". Un observatoire a été mis en place par le Président de la République, pour évaluer sereinement la mise en oeuvre du principe de laïcité dans notre pays.
Sur ces questions, comme sur d'autres, n'attendons rien de bon de la surenchère médiatique ou de l'excitation politique. Au contraire, nous devons porter une vision républicaine et inclusive du vivre ensemble dans notre pays. C'est en tout cas le sens de mes engagements.
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